COMME D'HABITUDE...
Elle est debout près des rosiers, au fond du jardin., là où la petite porte dérobée ouvre sur un chemin privé qui ne mène nulle part. Il y avait pourtant là un homme, elle a failli lui demander : « Qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas. Partez… ». Que faisait-il contre la clôture? Mais lui, très doux :
Et il s’en est allé en effet, sans se retourner, tandis que, vaguement déçue, elle le suivait des yeux. Aujourd’hui, elle attend. Elle « l’attend », à vrai dire, comme s‘ils s’étaient promis de se retrouver, comme s’il était venu exprès pour elle, hier. Elle l'a suivi des yeux, elle revoit sa démarche féline, souple, ses cheveux blonds bouclés comme ceux d’un enfant. Pourquoi a-t-elle été impatiente, pourquoi l’a-t-elle rabroué? Elle n’avait pas envie qu’il parte. Il l’hypnotisait un peu, son regard bleu contenait tant de promesses…
Et il est là, en effet. Elle ne voit
que son sourire, sa bouche bien dessinée, qui s’approche, s’approche…Des bras
la serrent, le baiser l’enivre, son corps s’amollit.
On la retrouvera le soir même, couchée près des rosiers, Etranglée. Et ce jour-là, le soleil s’est levé comme d’habitude.