LA CHANSON TRISTE
Nous avons tous au fond de
nous quelques notes de musique qui s’en viennent chanter à l‘improviste. Nous ne les avons pas
invitées, elles surgissent n’importe quand, nous essayons de les chasser, comme
une mouche importune. Bernique!
Ce sont des notes machinales
et capricieuses. Elles se lèvent avec nous au matin, ou débarquent en milieu d’après-midi.
Insistantes. Répétitives. Et très souvent quand nous avons un petit coup de
blues et pas du tout l’envie de chanter. Et pourtant, elles insistent. Si “Y a d’la joie” prend racine dans votre tête alors que rien ne va
comme vous voulez, c’est enrageant. De même, vous ne vous sentez pas vraiment
en phase avec “Capri, c’est fini” au moment précis où vous vous interrogez sur
votre couple.
Voici très longtemps, après
un surmenage professionnel intense, je me suis plainte auprès du psychiatre des
couplets entiers (et différents) qui n’arrêtaient pas d’accompagner ma dépression.
Il me répondit “D’autres se plaignent d’entendre toujours la même chanson”. On
n’est jamais content!
Aujourd’hui, quand quelques
notes tentent de prendre racine dans ma journée, j’ai appris à les déjouer: je
me mets au clavier et j’écris. La chanson triste met les voiles. Voilà qui est fait!
LORRAINE