IL NE FAUT JAMAIS DIRE...
(Cette consigne des "Impromptus" , nous proposait d'écrire à partir de cet incipit: "Il ne faut jamais dire...". Je m'y suis essayée.)
XXX
Il ne faut jamais dire adieu . Même si la vie se brise, même s’il est inévitable que l’on s’éloigne pour toujours. « Adieu », couperet définitif, fait mal et résonne comme un glas. « Au revoir » est plus doux, et sa pression de mains peut être une frêle espérance .
Il ne faut jamais dire « toujours ». " Toujours " n’a pas de mesure. Est-il l’éternité ou mourra-t-il à la fin du printemps ? A-t-il la solidité du sentiment définitif, la robustesse des certitudes, ou la gaîté facile de la petite chanson à la mode dont on se lassera brusquement, sans bien savoir pourquoi. « Toujours » est grave, il mérite que l’on prenne son temps, même si un emballement irrépressible donne envie de tout bousculer pour le crier à la face du monde : « Toujours » !...
Il ne faut jamais dire peut-être. Peut-être est un début de promesse que l’on n’est pas sûr de tenir. Peut-être entretient l’espoir qui décompte les jours et vit sa petite déception en silence. Peut-être peut faire très mal. Et quelquefois, peut-être n’a pas bonne conscience, il sait qu’il ment, mais il n’ose pas dire « Jamais ».
Il y a tant de choses qu’il faut taire ! Je m’en voudrais de vous lasser. Ma petite oraison ressemble à un sermon, alors je descends de chaire et je m’éclipse. Je reviendrai la semaine prochaine. Peut-être….
LORRAINE