HEUREUX PRINTEMPS!
Parmi les bonheurs souhaités le premier janvier,
s’est-il trouvé quelqu’un pour vous dire : « Je vous souhaite un
heureux printemps ? ». Non ? Alors, je vous espère cette
joie-là, un cœur assez attentif pour recueillir les émotions passagères, quand
avril embaume le muguet et qu’un oiseau, venu on ne sait d'où chante sous votre fenêtre.
Je
devine les visages du bonheur, le visage pointu d’un bourgeon entre les haies,
le visage rond d’un chat assis sur l’arbre et celui du jardin quand il pleut,
et la grimace moqueuse du merle, mon ami. Reconnaissez-vous dans la rue les
inconnus qui aiment le printemps ? Ils vont les cheveux au vent, les mains
dans les poches, on sait qu’ils ne pensent à rien et nous sourions en nous
regardant. Eux aussi marchent dans la pluie , ils chantent à mi-voix et j’en
vois quelquefois dans les parcs, attendant. En vérité, ils n’attendent rien,
ils se sont arrêtés parce qu’ils sont heureux et que le vent sait des cantiques
admirables pour qui a l’oreille un peu fine.
Et
revoici le geste oublié de la marchande de violettes, le premier œillet, un
crépuscule mauve et sa fugitive mélancolie. Le soir a d’autres voix : celle
d’un jeu attardé dans les rues quand les gamins soudain sont maîtres du
pavé ; le rire d’une femme, l’appel d’un chat errant. Prenez tous ces
bonheurs, ils sont simples, ils sont doux et je vous les souhaite. Si votre
cœur n’est pas capitonné, les accepterez-vous ?
LORRAINE