DIALOGUE
- Doucement...Tu allumes ? Attention quand même...
- Oui, parle tout bas. Attends j’y suis...
Une étincelle, que dis-je, une lumière qui éclaire soudain le bureau de flammèches dansant comme des petits gnomes joyeux. Je cligne des yeux, je veux voir : qui sont-ils ces intrus, que veulent-ils, surtout ?
- Djin, tiens la souris, elle s’emballe....Oh ! lala, elle en a écrit hier des messages, des commentaires, des mails...Oui, oui, t’inquiète : je ne suis pas indiscret, je ne lis pas, je feuillette, c’est tout...
- Attention, tu vas trop vite, ça clignote. Là, c’est mieux...Tu mets le ciel en fond d’écran ? Un ciel très bleu, qui pousse des petits nuages voguant comme des nacelles. Elle sera contente en s’éveillant...A la place de cette horrible mappemonde verte découvrir sur son écran un peu de paradis, tu ne trouves pas que c’est chouette ?
- Peut-être, Djon, mais elle va peut-être angoisser. D’ailleurs, tu devrais assourdir un peu ce ronflement d’ordi, ça pourrait l’éveiller..Tu t’imagines l’émotion si elle nous trouvait ici !
Mais je vous trouve, mes lascars ! Je vous trouve...enfin, j’essaie. Derrière le rideau où je suis cachée, c’est un peu difficile. Et, je l’avoue, j’ai un peu froid dans l’échine. Car si j’entends des voix, je ne vois rien. Ai-je la berlue ? J’entraperçois seulement une lumière qui nimbe la pièce, change de place, s’avive jusqu’à m’éblouir, et deux petites voix accompagnées de deux rires heureux.
- Djin, c’est formidable ! On est les rois de l’ordi !
- Djon, je te l’avais bien dit qu’on pouvait être utiles sur terre !
Non, ce ne sont pas des hommes, ni des enfants. Personne à vrai dire. Aucune forme humaine, aucune main adroite et pourtant j’entends le clavier qui tape, qui tape...Tout seul. Il faut que je sache, tant pis ! Et vivement j’ouvre le rideau...Deux minuscules angelots se retournent, étonnés.
- Oh ! disent-ils ensemble.
Et ils s’envolent dans un rai de lumière, tout droit vers le ciel.
Je me secoue. L’ordinateur est éteint. Tout semble ne pas avoir existé. Ai-je rêvé ? Nerveusement, j’allume l’ordinateur. Et sur le fond d’écran devenu un ciel bleu où naviguent de petits cumulus, une phrase en écriture ronde :
« SOIS HEUREUSE ».
LORRAINE
(La consigne des Impromptus nous faisait entendre des voix (si je me souviens bien...). En tous cas, voici le texte que j'ai écrit)