LA REVOLTE DES LETTRES
(La consigne nous demandait d’utiliser au maximum une voyelle de notre choix et d’intercaler dans le texte "douches municipales » et « papier mâché » !.. Je m’y suis attelée ! Et j'ai choisi la lettre "i")
XXX
Jamais elle ne dirait ce qu’elle pense, jamais elle ne se trahirait : elle était un « i » et le resterait. Quelle idée de vouloir faire d’elle un « y ». Le gros prix qu’on lui propose ne mérite pas qu’elle devienne cette lettre déhanchée qui écrit si peu de mots ! Elle au moins sert, en catimini ou non, on l’emploie toujours, voyez d’ailleurs « catimini » l’utilise trois fois, un record !
L’y se met dans « hymne ». Soit, c’est beau, un hymne, mais relativement rare. Vous me direz qu’il y a « hymen ». Mais aux douches municipales on ne célèbre pas l’hymen, du moins en principe.
Il n’empêche : l’ »y » torturé et souvent seul ou mal entouré n’a pas l’exubérance du « i » que je suis. Personne ne peut s’en passer. Même pas pour tricoter des mitaines. Je suis partout, dans les mitaines, dans le tricot, dans les aiguilles, dans le sourire de la tricoteuse. Le papier mâché m’intercale dans sa dénomination. La dénomination me sollicite deux fois et la sollicitation m’emporte trois fois dans sa ronde.
Alors non, je ne veux pas devenir un « y ».Le « i » est inimitable !
LORRAINE