AU TEMPS DES CALECHES...
J’imagine – mais que n’imagine-t-on? – vivre au XVIIIè siècle, juste pour le plaisir.
Je flâne dans l’immense jardin de ma propriété. Ah! Le printemps, l’odeur des lilas, l’arceau fleuri de roses à l’entrée de la pièce d’eau! Tantôt je partirai en promenade à travers champs et villages, bercée par le roulement de mon élégante calèche! Les chevaux hennissent dans l’ écurie; Oscar, le cocher, les connaît bien et les aime. Je suis sûre que les animaux, quels qu’ils soient, sentent l’amitié qu’on leur porte; ils ont un flair dont nous ne connaissons pas l’étendue. Oscar, par exemple, sait parler non seulement au chevaux mais aussi au petit écureuil timide qui sort de dessous les arbres et vient manger dans sa main les noisettes dont il raffole.
C’est mon père qui m’a offert “ma” calèche capitonnée de satin - qu’on appelle aussi “calèche à l’anglaise” - pour mes vingt ans. Nous avons une calèche pour la famille; mais la mienne est plus petite, élégante et découverte, munie d’une capote repliable en cas de pluie. C’est bien agréable; quelquefois deux ou trois de mes amies m’accompagnent l’été, nous ouvrons nos ombrelles et allons jusqu’au bourg voisin. Il nous arrive de croiser une autre calèche, celle du comte Hugues de la Garde. Il nous salue toujours très courtoisement. Je sais que je rougis, je me cache derrire mon éventail. Et je sais aussi que demain, il viendra au château nous rendre une visite de politesse. Il vient de rentrer au pays après un long voyage. On dit qu’il songe à se marier... Je le trouve très beau...
LORRAINE
Illustrations:
1 - "Femme au jardin" (Philippe Leslie-Hale-
2 - calèche-linternaute.com
3 - calèche sous la pluie (misskaparis.wordpre)