LA PROMENADE AU BORD DE L'EAU
(Ce simple titre: "La promenade au bord de l'eau" , tel était le sujet de la consigne. J'en ai fait une histoire triste)
XXX
"Du vélo ? Par ce temps ? Du vent, de la bruine !.. Non, vous êtes gentils, mais je vais plutôt me promener bien emmitouflée dans mon anorak le long du rivage. Si vous voulez me parler, j’ai mon portable A tantôt !..."
Le sable est doux à ses pieds nus, elle aime ce vent de mer qui accourt comme
une vague, la frôle, la bouscule un peu, mais qu’elle connaît depuis l’enfance, dont elle déjoue toutes les taquineries . L’eau est tiède encore, malgré l’automne si vite là en ce pays du Nord. Longtemps, elle va marcher comme en un mirage ; tous les souvenirs arrivent au galop, ce cheval qu’elle montait petite fille, quand les touristes avaient déserté l’horizon, ce festival de musique sur la digue. Et ce bel homme blond qu’elle aima dès la première danse dans cette fête sans façon, aux lampions balancés par la brise , et qui l’ aima de même.
Qui peut dire le destin ? Ils vécurent ensemble, quatre ans, heureux, amoureux,. Un soir, il ne rentra pas. Dans la tiédeur d’avril il s’était offert une plongée dans la mer, roulé dans le plaisir d’une nage superbe . Il alla loin. Il eut une violente douleur thoracique, tenta d’appeler, leva un bras, et disparut. A jamais.
« Allons, il est temps de faire demi-tour. Les autres vont rentrer. »
Et, parce que la vie continue, elle rebroussa chemin.
LORRAINE
Tableau du peintre danois Kroyer qui, s'il appartient à une autre époque, me semble néanmoins incarner très bien la solitude et le souvenir.