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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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18 décembre 2009

SALUT, MILOU! (2)

          f_te_NoelIl est toujours difficile d’enchaîner les uns aux autres les petits faits qui préparent puis propulsent une carrière. Je sais en tous cas que lorsque Marianne eut quatre ans, j’avais des rubriques régulières dans plusieurs journaux.

 Nous étions quelques jours avant Noël. Notre appartement devenait exigu, il fallait une chambre plus grande pour Marianne et pour nous un living avec coin bureau qui se transformait le soir en chambre à coucher.

 Nous allions donc déménager. C’est le moment que choisit un chat très commun, gris acier zébré de lignes noires irrégulières pour s’installer sur notre seuil.

- Oh ! maman, le beau petit chat ! s’écria Marianne toujours admirative devant tous les animaux ; Il a peut-être faim ? Si on lui donnait à manger ? Il a froid aussi, il doit se réchauffer. On le fait entrer, maman ?...

 J’hésitai un instant.

 - Nous ne pourrons pas le garder, tu sais, nous déménageons dans huit jours.

 - Eh bien alors, il retournera chez ses maîtres. Il en a, dis, maman ?

 Je craignais que non, mais me tus. Je balançai entre la pitié pour le solitaire et l’inquiétude : s’il allait s’installer ?

 - Maman, rien qu’une fois. On lui donne du lait et il repart…

Il faisait un froid de canard. Les pattes repliées sous lui comme dans un manchon, le chat somnolait sur une marche à l’abri des coups de vent qui rasaient les trottoirs.

 - Alors, garçon, que fais-tu là, dis-je en me penchant pour le caresser.

 Il murmura un faible « maaoü » comme s’il manquait de voix. Marianne s’était accroupie, nain en manteau rouge et le caressait à son tour.

 Ni agressif, ni impétueux, il regardait sans peur, discret, attendant notre bon vouloir Visiblement, il ne s’imposait pas. Mais quand j’ouvris la porte, il nous suivit dans le corridor et avant de monter l’escalier me regarda d’un air interrogateur, avec un petit « aaaa ? » chuchoté, comme ‘il demandait la permission. Nous le fîmes donc entrer. Exubérante, Marianne lui prépara du pain trempé dans du lait tiède et le regarda manger. Après quoi, assis près de la soucoupe, il se lécha consciencieusement les moustaches. Puis, sans autre façon, i s’installa frileusement devant le feu, comme un boa qui se déroule et dans un bâillement bref s’endormir, le museau dans les pattes. Marianne s’assit par terre à côté de lui ; ils restèent là, engourdis par la tiédeur du poële et le crépuscule qui envahissait la pièce insidieusement.

Moi, je me raisonnais. Tout mon instinct me portait à garder ce jeune chat sans défense et qui avait l’air si bon enfant. Mais le contrat de l’appartement que nous avions loué stipulait : « pas d’animaux » ! Avions-nous été légers, Maurice et moi, d’ignorer qu’un jour nous serions prisonniers de cet engagement !

 Mon mari s’étonna à peine en le voyant. Nous gardâmes le chat pour la nuit et comme il savait vivre, il demanda lui-même la porte le lendemain, fit quelques pas et partit au trot. Il avait l’air de savoir où il allait.

 Le lendemain soir, nous fêtions Noël en famille. Nous sommes partis à sept heures, sapin_Nsans avoir revu notre visiteur ; C’était un soir de Noël rigoureux, il gelait à pierre fendre, un vent sournois cinglait le visages rosis, la rue était presque déserte ; Un haut-parleur égrenait des chants de Noël ; sur la place devant l’église, un sapin allumait ses bougies. Les rares passants se pressaient, les pas claquaient sur le trottoir. En revenant de la messe de minuit, Marianne dormait contre l’épaule de son père. J’étais transie, le vent s’acharnait, il faisait un temps à ne pas mettre un chien dehors…Ni un chat !

 Il était là, recroquevillé sur une marche, le poil un peu ébouriffé par la bise qui soufflait comme un tourbillon. A notre vue, il se redressa, hésita à se recoucher, comme si, fataliste, il n’espérait rien. C’était peut-être une ruse : les chats ont pour eux l’infinie patience, la touchante façon silencieuse d’élire notre jardin, notre coin de cour ou, comme ici, le pas de la porte pour y dormir, ils nous brisent le cœur. Et trois jours après, c’est en monarques qu’ils se prélassent sur le plus beau de nos fauteuils ! Celui-ci nous avait choisis pour maîtres, c’était l’évidence. Maurice murmura : « On le prend ? » et comme s’il comprenait, d’un bond sur ses pattes, le chat miaula longuement sa détresse.

 « Entre, fiston », dit mon mari.

 C’est ainsi que nous avons adopté Milou.

PASSANTE (à suivre)

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Commentaires
L
Nous craquions tous les trois! Et le chat le sentait bien!..
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L
en fait, il n'y a pas que les enfants,<br /> ton mari craquait à coup sûr...
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L
Nous allons nous en accommoder...Quelquefois, il faut passer outre aux "interdits"!...
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T
Oui, il va rester... Mais comment allez-vous faire dans le logement "animaux interdits"?
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L
Il va élire domicile, bien sûr!...
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