ADIEU A LA NATURE
Petits chemins perdus dans la forêt profonde
Que j’ai tant parcourus en mes belles saisons
Aujourd’hui ma pensée qui, seule, vagabonde
Ressuscite pour moi vos amples frondaisons
Le ruisseau et l’étang, le vent dans les feuillages
Le tournant d’un sentier dévalant le coteau
La clairière ou soudain le soleil fait naufrage
Envahissent mon coeur comme un chant de flûteau
J’ai senti sur mon front la caresse furtive
En longeant les allées des sapins résineux
Et sur mes mains longtemps leur écorce rétive
Laissa un parfum dru et presque vénéneux
Je suis venue à vous en l’heure émerveillée
Des tout premiers émois d’un coeur adolescent
Je suis venue aussi seule et ensoleillée
Vous confier mon bonheur juvénile et grisant
La fontaine perlée, l’oiseau qui s’égosille,
La lumière soudain auréolant les bois
Et le coucou moqueur ou le goût de vanille
Qu’ont certains soirs les prés, et le ciel qui flamboie
J’ai cru plus d’une fois parmi eux n’être qu’ombre
Respirant l’odeur chaude et lourde des sarments
Qui montaient d’une cour de ferme et du sol sombre
Quand le soir descendait tel un seigneur d’antan
Je ne reverrai plus vos splendeurs automnales
Ni vos aubes lustrées par le soleil levant
Mais dans mes souvenirs chantent vos bacchanales
Qui s’en sont envolées à jamais dans le vent
LORRAINE
(Photo mesimages-ch)