IL TOURNA CASAQUE
Après quelques minutes de marche, il s’envola sur la pointe de ses ailes. Elles venaient de lui pousser, il ne s’en étonna pas et il prit le tournant qui menait à la mer poursuivi par les cris affolés de sa femme qui lui prenaient la tête.
Il sentait le vent dans les membranes encore un peu froissées et il les déplia doucement entre ses doigts car il voulait les déployer et les montrer à la terre entière.
Puis il reprit son envol, en essayant de freiner ou d’accélérer le rythme. En réalité, il n’avait aucune envie encore d’aller au bord de mer où il allait régulièrement chaque année. Il la connaissait trop, un autre itinéraire aurait le charme de la découverte et l’empêcherait de déprimer.
Il tourna donc casaque, n’eut aucune difficulté à trouver le chemin et se déposa enfin, doux et tranquille, à l’ombre d’un cocotier où deux sculpturales polynésiennes dansaient le tamouré.
LORRAINE