FEMMES
Voici trois jeunes femmes. Elles ne se connaissent pas, elles ont été le modèle d'un peintre. Elles ont vécu, elles ont disparu, je ne sais rien d'elles, je ne cherche pas à les connaître mieux. Il me suffit de les rencontrer dans un tableau pour leur inventer une histoire. Il est étrange, ce pouvoir que nous avons, de choisir un croquis, une aquarelle, une photo, et de les faire vivre à notre gré. Personne ne nous l'interdit. Personne non plus ne nous le permet. Comme si cela n'avait aucune importance.
Celle-ci semble sortir du 18è siècle, elle en a la coiffure, le style de robe et j'ignore tout d'elle, l'ayant rencontrée sur Google mais, distraite, ayant omis de noter son nom. J'espère que personne ne m'en voudra de la montrer ici, dans son anonymat. Je la trouve triste, douce, et presque résignée. Je lui crée des ancêtres tués sous Robespierre; je lui vois une larme au coin des yeux (mais c'est peut-être moi qui suis troublée), je lui dessine aussi un grand parc et des charmilles, où elle ira se promener une ombrelle à la main, pour oublier les tragédie.
Celle-ci orne un médaillon. Elle porte une coiffe où les noeuds de dentelle, des fleurs et peut-être des raisins disent à profusion qu'elle est belle et riche, blonde et tendre. Il me suffit de la regarder pour sentir l'évanescente mélancolie d'un visage d'autrefois. Elle a vécu, elle fut belle, connue, fêtée, désirée; elle n'est plus qu'un souvenir un instant réveillé par son portrait. Puis elle retournera dans le secret de son monde à jamais refermé, comme on ferme la lourde porte d'un château du Moyen-Age.
La troisième arbore une toilette Empire. Nous pouvons donc la situer sans trop de peine, d'autant que sa coiffure particulière la dit bien de son siècle ainsi que la robe serrée sous la poitrine s'évasant en plis légers. Pas plus que les autres, je n'ai cherché à savoir qui elle est. Je les regarde, si différentes et cependant semblablement peintes pour la postérité. J'éprouve un peu de nostalgie à les voir rassemblées, elles qui ne se sont pas connues et viennent illustrer le texte d'une bloggueuse dont le seul souci en ce jour est d'offrir à ses lecteurs(trices) trois beaux visages d'aurefois, trois rêveries évanouies, trois évocations de la vie qui va...
LORRAINE
Pour le dernier tableau, j'ai relevé l'indication: "Lousier - Jeune femme à la parure de bijoux dans un paysage vers 1800"