LES CHAGRINS
Tableau Blanche Odin
Il faut quelquefois déposer sa fatigue sous un arbre d’automne et trier ses grands et petits chagrins afin de ne pas les confondre. De ne pas assimiler une peine mineure au vrai bouleversement qui transforme tout l’être et l’empêchera à jamais de retrouver le rire de l’enfance.
Nous les portons sans le savoir tout au long de l’existence, nos chagrins, ils nous égratignent, ils cicatrisent à leur gré, certains de bonne grâce, d’autres lentement, si lentement ! Et d’autres jamais.
Nous les emmenons avec nous, bien cachés sous un sourire ; nous les portons en bandoulière, nous n’en parlons à personne. Nous oublions quelquefois qu’ils ont buriné notre vie tant nous nous sommes habitués à eux.
Mais quand nous éprouvons la lassitude soudaine de nous asseoir et de ne plus bouger, de nous étendre et de dormir, dormir sans peut-être nous réveiller, il est temps. Il est temps de déposer l’immense fatigue sous un arbre d’automne et de faire le bilan de sa vie. Trier commence aussi par jeter le superflu : ressassement, regrets, rancunes, reproches, tout ce qui alourdit et finit par détruire.
Alors commencera un cheminement dépouillé de toute rancœur qui marche doucement vers la sérénité.
LORRAINE