LA HONTE
J’avais quatre ans, bien coquets , des petits bas blancs, les cheveux coupés à la chienne et une débordante bonne volonté. Mademoiselle Raymonde dessinait au tableau. On apprenait des choses : que la pluie vient du ciel, que le vent fait voler les feuilles, qu’il faut écouter les grandes personnes, que la Toussaint est la fête de tous les saints. Des choses utiles que Mademoiselle Raymonde crayonnait de plus en plus vite sur le tableau.
Quand il était plein, la plus sage de la classe pouvait essuyer ce tableau. C’était une récompense !
Ce jour-là, ce fut moi. Je n’en montrai rien, mais j’étais très fière ! J’avais la petite éponge et un petit bassin. J’essuyai consciencieusement. Et puis, la cloche sonna.
Saisissement ? Nervosité ? Inquiétude, Simple sursaut ? Je fis un pas de trop en arrière et me retrouvai assise dans le seau d’eau. Tout le monde riait. Je pleurais : « Mais ce n’est rien, dit Mademoiselle Raymonde en me berçant contre elle. Ta maman t’attend sûrement dans le couloir. On va arranger ça »...
Eh oui ! On m’enleva purement et simplement ma culotte et je m’en fus, hurlante, jusqu’à maman qui n’avait pas prévu l’incident...
Je retournai à la maison, les fesses à l’air, sous la très courte petite robe d’été...
LORRAINE