CONVALESCENCE
Et puisque nous voici en début de semaine; et puisque la fatigue me quitte peu à peu comme s'écroule un léger manteau posé sur de frèles épaules; et puisqu'il faut un jour décider de reprendre la vie quotidienne, me revoici au clavier en ce matin de janvier.
Et si je me souviens de la douceur de la convalescence quand, près de maman, je pouvais murmurer "Tu veux bien m'apporter mon écharpe mauve et du thé sucré?"; et si je me souviens du regard inquiet de mon mari et de sa main sur la mienne; et si ..et si... Eh bien oui, je sais qu'ils appartiennent au passé, irrémédiablement. Et ma pensée les rejoint et je leur souris.
Nous allons vers Février. J'aperçois déjà ses brodequins un peu enneigés, son bonnet de laine, sa silhouette courte qui se faufile dans les sous-bois. Il prépare les chemins pour Mars et je crois entendre, déjà, l'appel aigu d'un oiseau seul. Bientôt naîtront les roucoulades et les sifflements dans les branches. J'ai toujours été en avance d'une saison. Plus jeune, dès le 2 janvier, je disais avec satisfaction: "Eh bien, nous serons bientôt à Pâques"... Après tout, ce n'est pas si loin...
LORRAINE