MARISA
Je ne l’ai jamais vue. Et pourtant, tous les lundis vers 10 H., elle sonne chez moi à la porte de rue et je lui ouvre. Quelquefois, je ne pense pas à elle, je décroche le parlophone, je dis « Allo », croyant que c’est le facteur. Mais une voix douce, à l’accent étranger, me répond « C’est Marisa, Madame ». Alors je dis : « Oui, Marisa, je vous ouvre...Voilà ». J’écoute attentivement depuis mon 3ème étage, le bruit de la grosse porte qui se referme sur elle, celui dégringolant de l’ascenseur, et je relâche le bouton d’ouverture : Marisa est entrée.
Où va-t-elle ? Comment, je n’en ai rien dit ? Elle vient faire le ménage d’une voisine handicapée, qui s’en va tous les matins, courageusement, travailler en Atelier Protégé. Je ne la connais pas non plus ; depuis dix ans que j’habite ici, nous nous sommes croisées quatre ou cinq fois. C’est ainsi, dans les immeubles. Au début, elle tirait courageusement une voiturette sur les escaliers du perron, et il m’est arrivé de l’aider. Il faut bien écouter pour la comprendre, mais elle articule le mieux possible et quand elle est venue sonner à ma porte pour demander « Si vous vouiez bien ouvrir le lundi à Marisa, Madame », j’ai dit oui, tout de suite, de tout mon cœur.
C’est un tout petit geste de rien du tout. Mais il permet à ma voisine de rentrer chez elle, détendue, sachant que le lundi, Marisa est entrée pour faire le ménage.
PASSANTE