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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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22 mars 2009

LE CHEMINEMENT DU SECONDAIRE

   ademain Maintenant que j’en ai terminé avec les primaires, je reviens aux études secondaires où je les avais laissées, c’est-à-dire en première année  section « coupe et couture ». J’eus 13 ans en avril et quelques mois plus tard, une « Satisfaction » en couture mais une « Grande Distinction » pour les cours généraux.

    Pour me récompenser de mes résultats scolaires, maman m’offrit des sandales et pour la première fois je pus choisir. Je lisais les magazines de ma sœur aînée, je connaissais la mode et c’est d’un œil sagace que je repérai tout de suite une sorte de cothurnes bleues, qui rehaussaient la marche et dont les fines lanières entouraient la jambe jusqu’à mi-mollet. Devant mon regard implorant, maman abdiqua ; elle n’aurait certainement pas choisi ce modèle, qui lui paraissait excentrique, peu pratique et qui aurait la vie courte : « C’est un déjeuner de soleil », me dit-elle, résignée. Mais je sortis du magasin chaussée et triomphante, grandie de trois centimètres et empressée d’aller faire les courses. C’est d’un pied léger que je fis le chemin, fière d’attirer les regards des garçons, pur la première fois, me sembla-t-il.

    L’un entraînant l’autre, je regardai mes cheveux d’un œil critique. A l’époque nous n’allions pas chez le coiffeur sauf pour un coup de ciseaux, nous n’avions pas de permanente, nous étions « sages ». Mais j’en avais assez des cheveux raides et tous les soirs, je les enroulai à ma façon dans des bigoudis. En l’espace de deux ou trois jours, j’acquis le tour de main. Mes cheveu bouffèrent autour de mon visage, je les maintins avec des peignes et je perdis mon visage de fillette. Sœur Jeanne-Marie, qui était jeune et avait été notre institutrice de 6 ème primaire,  surveillait ce jour-là la récréation et m’appela d’un signe : « Lorraine, vous êtes bien joliment coiffée, mais ce n’est pas une raison pour arriver en retard le matin... ». Et elle me laissa aller avec un sourire taquin. Néanmoins je me le tins pour dit et fis vraiment mon possible pour arriver avant le dernier coup de cloche...

    C’est vrai que je passais du temps devant le miroir...J’étais entrée dans l’adolescence.fille_moderne

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    Je n’en avais pas fini pour autant avec mes démêlés scolaires. A la salle de couture, je n’allais pas aussi vite que les autres ; il m’arrivait souvent de recommencer un point de piqûre, de défaire une encolure que le professeur, Melle Marguerite, lassée par ma maladresse, cousait à ma place. Pendant ce temps, la surveillante, sœur Luce, me faisait un signe de son doigt en crochet et j’allais m’asseoir à côté d’elle sur l’estrade ; elle me passait le livre destiné à nous édifier et je commençais la lecture. Nous connaissions par cœur la vie de Ste Thérèse pour l’avoir entendue trois fois la même année. J’avais un malin plaisir à sauter des paragraphes (et même des chapitres !) quand je voyais sœur Luce dodeliner de la tête en une courte sieste. Les autres étouffaient leurs rires, même Melle Marguerite qui tentait en vain de rester sérieuse.

    J’avais une autre façon de passer le temps : avant de confectionner un vêtement (blouse, petit ensemble d’été, manteau trois-quart), le professeur le taillait en papier de soie et l’épinglait sur le mannequin en nous expliquant les grandes lignes du travail  puis quand nous avions taillé et faufilé le tissu, elle m’appelait : « Lorraine venez ici ». Je passais derrière le paravent pour me déshabiller, et en ressortait vêtue du modèle ébauché. Melle Marguerite ajustait une pince, soulignait une emmanchure, montrait comment reprendre l’ampleur d’une manche, épinglait un col tailleur ou un pli plat. Je tournais, je défilais, je m’amusais. Je ne me faisais pas d’illusions : je faisais le mannequin parce que j’étais mince sans doute, mais surtout parce qu’il importait peu que je voie ou non les détails qui intéressaient si fort mes compagnes. De toute façon, je n’en tirerais guère profit. Melle Marguerite était résignée une fois pour toutes à me donner un coup de main, navrée de m’avoir dans sa classe tout en m’aimant bien.

    Elle fut notre professeur au cours des quatre ans pendant lesquels je restai dans la section. Je lui dois le goût des jolies robes, la façon de s’habiller selon son propre style et le souvenir des défilés de fin d’année devant la Sœur Supérieure, chacune dans la toilette couronnant notre apprentissage et recevant un mot aimable en récompense.

PASSANTE

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Commentaires
O
Et je plaisantions de concert, of course ! (sauf pour la robe en satin) !
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L
Moi aussi, je plaisantions, je sais bien que tu ne souhaitais pas que toutes les femmes aient des doigts de fée et tirent l'aiguille, lonlaine, lon la!...
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L
Une robe rose en satin? Tu m'étonnes!...Mais je me souviens du pagne et "Nous irons à Rio", je croyais que la jupe était en papier. Nous avons encore des photos de toi sur l'estrade en train de danser!...
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L
prim's, je plaisantions, évidemment,<br /> deu's, on peut ne pas avoir eu grand plaisir à "apprendre", et garder en mémoire quelques gestes utiles à la confection de... quelque chose :-)
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O
pagne, bien sûr !
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