UNE CERTAINE APTITUDE AU BONHEUR...
Sommes-nous heureux par hasard ? Quelquefois je me le demande. Je vois autour de moi des personnes acceptant les difficultés quotidiennes avec le sourire ; d’autres comblées financièrement, heureuses en amour, sont pourtant insatisfaites. Que leur manque-t-il ?
Peut-être une certaine tournure d’esprit , ce brin de lucidité qui permet de reconnaître à la fois ses mérites et ses manques, le superflu et le nécessaire. Ce qu’on appelait autrefois un « examen de conscience » était une excellente discipline; elle nous obligeait à revenir sur nos erreurs, nos défauts et à en mesurer le poids.
Aujourd’hui, il semble que chacun soit poussé dans le dos par un « besoin » de plus, de mieux, d’ "encore ". La société y est pour beaucoup. Un voyage ? Où voulez-vous aller ? A Hanoï? Non, à Rio de Janeiro ? Sur la Riviera peut-être ? Laissez-vous faire, voici les horizons vers lesquels vous vous envolerez. Vous manquez d’argent ? Qu’à cela ne tienne…On vous en prête
Et le bonheur dans tout cela ? On l’écrase sous le talon, sans se rendre compte qu’à force de vouloir « vivre » on cultive des envies toujours renouvelées. L’inquiétude s’installe sournoisement, l’angoisse tourneboule l’estomac et le simple bonheur au quotidien s’ anéantit. Car on a emprunté pour les vacances d’hiver, pour les vacances d’été, pour la rentrée des classes, pour un lifting, pour un appartement ultra-moderne, pour cette croisière tellement tentante, pour…Pourra-t-on payer l’échéance ?
L‘aptitude au bonheur ne serait-elle pas, d’abord, de reconnaître ce superflu qui nous préoccupe et de le rayer de la liste ? De crever les mirages ? Oser se dire : "Mon salon est kitch ? Certes, mais c’est mon salon et je m’y plais. Il est plein de souvenirs. " Et qu’importe si des créateurs nous poussent à vivre dans les lofts qu’ils aménageront pour un prix exorbitant ! Toute cette poudre aux yeux aveugle et est agencée par des aigrefins qui tireront profit de notre inconsciente vanité. Le « paraître » a tant d’importance aujourd’hui qu’on en oublie l’ "être ". Or, « être soi » , sans fioriture, sans chichi, est déjà gage de paix intérieure.
Sans doute l’avidité inconsciente n’est-elle pas la seule ennemie du bonheur. Le caractère a aussi son mot à dire. Mais si on supprimait déjà la longue liste des « besoins » (qui ne sont finalement que des caprices !) comme on se sentirait soulagés !
PASSANTE