LA VILLA AUX GLYCINES
J’aimais cette villa aux lourdes glycines et je songeais souvent aux heureux mortels qu’abritait le toit rouge. Par quel défi avaient-ils fait graver au-dessus du perron leurs prénoms dans la pierre : « Rudy-Georgette ». J’entendais quelquefois des rires, une chanson qui fusaient par la fenêtre ouverte et attardaient, rêveur, le passant solitaire. Un jour j’aperçus la jeune femme à la croisée. Elle était belle, de cette beauté rayonnante que donne le bonheur.
Puis, je vécus loin de cet endroit, je ne passai plus devant le chalet aux parfums sauvages et j’oubliai Rudy et Georgette. Et voici qu’au hasard d’une promenade, je suis revenue au bord de la forêt et j’ai marché jusqu’à la maisonnette. Les volets clos m’ont surprise, les herbes folles embroussaillaient le jardin et les clôtures délabrées accusaient l’abandon du logis. Seuls, les prénoms enlacés parlaient encore d’amour.
Que sont-ils devenus ? La mort a-t-elle désuni les liens terrestres, ou, infidèle, éparpillant le passé, Rudy abandonna-t-il sa compagne ? Je ne saurai jamais l’histoire de ces êtres qui furent heureux.
Et tandis que je me retournai une dernière fois vers la demeure déserte, j’aperçus encore, entre les arbres, l’inscription de pierre qui reliait malgré tout, dans le présent, Rudy et Georgette !
LORRAINE