CREPUSCULE D'ETE
“Un clocher frèle
S’effile lentement sur le lointain bleuté
Les étoiles sont trois. La campagne repose”
(Edmond Rostand)
C’est l’immense et douloureux crépuscule d’été, grave comme un chant de vespres. D’où est né ce silence? Où iront ces pafums? Qu’importe! Ils vivent là, au bord de la route et m’arrêtent, les yeux grands ouverts pour tout prendre de ce soir qui descend. Ah! Devant la nuit ouvrir ses mains frôlées de brise, n’être plus qu’une flamme absorbée par le ciel!
C’est l’heure où naissent d’étranges peurs, des formes subites au détour du sentier et des cris morts dans les arbres. Le vol d’un oiseau agite le parterre; puis, preque âpre, comme un défi, son chant éclate d’entre les branches confuses où l’on ne distingue rien que l’ombre.
Un couple s’est assis sur un banc à l’écart et je passe sans regarder ces visages qui aiment. Des enfants se hèlent dans le lointain, éclaboussent le ciel de leurs discordances, âge heureux qui ne respecte rien encore et blesse sans le savoir!
La nuit, déjà? Mais oui. Bras enlacés, les fantômes du banc s’éloignent sans bruit. Je suis immensément seule.
“....les étoiles sont des milliers” (Edmond Rostand.
LORRAINE
Banc Dijon (Wikimedia Commons)