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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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6 janvier 2015

MON PERE

         La consigne de l’Atelier d’écriture : une illustration montrant un homme assis dans un divan, et à côté de lui, une adolescente posant une main sur son épaule.  Nous devions improviser ce que le portrait évoquait pour nous

 XXX 

         Je n’ai pas pu te poser de questions, celles de toute adolescente à son père.  Je n’ai pas pu t’entourer de mes bras, ni même poser ma main sur ton épaule  Je n’ai pas pu t’aimer vraiment. T’ai-je inventé ? Non. Tu étais là.  Si peu de temps ! Assez pour que je connaisse ton visage et ton sourire et aussi le silence qu’on m’imposait pour ne pas troubler ton sommeil.

         Je n’ai su de toi qu’une douceur diffuse, des absences aseptisées, des retours épuisés, le lit, le cimetière…

         Mes frères et sœur t’appelaient « Père ».  Ils étaient des jeunes gens de vingt ans, ils t’adoraient. Moi, je disais « Papa » et tu mettais sur mes cheveux une main de tendresse.

         Je ne sais rien de toi, à part ce que les autres m’ont dit. Grandir sans père oblige à devenir forte, pour cette maman écrasée que plus rien n’intéressait. Grandir sans père oblige à vivre sur la pointe des pieds, pour respecter l'immense chagrin; c'est se créer un monde imaginaire, un peu exclu, où l’on bâtit des château de sable, puisqu’on est un peu démunie et maladroite dans la souffrance ambiante. C’est être condamnée  à chercher seule les réponses aux interrogations de la vie.

         Longtemps, dans la poche de mon manteau d’écolière, j’ai serré dans mon poing la petite poupée que tu m’avais donnée. C’était ma façon aveugle de t’aimer. Personne n’en a rien su.

         Et quand maman en pleurs devant mon mutisme de fillette me reprochait : « Tu n’aimes pas ta maman », je ne répondais rien. Elle souffrait dans la démesure.  Je souffrais dans l’ignorance.

         Je ne t’ai pas idéalisé. J’ai cherché sur tes photos quel homme tu étais. Je t’ai trouvé bon, courageux, une lueur au fond des yeux. J’en ai créé ton image.  Et mon souvenir...                                  

980042PEREETFILLE

 LORRAINE

        

 

 

 

J'ai cherché une illustration qui pouvait évoquer le lien qui unit un père et sa petite fille. J'ai trouvé celle-ci sur le très beau blog "Mes Emotions" (chamade.1000.unblog.fr) et n'y ai trouvé aucune interdiction. Si l'auteur estimait néanmoins que je doive l'enlever, il va de soi que j'ôterai aussitôt ce symbole que mes mots ont tenté d'exprimer.

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Commentaires
J
texte très émouvant, ma chère Lorraine.<br /> <br /> Mes amitiés.
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M
Encore un magnifique texte empli de ta sensibilité qui m'enchante Lorraine<br /> <br /> J'aime beaucoup cet amour inconditionnel qui se vit dans le silence de l'enfance...<br /> <br /> Je t'embrasse très fort
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M
Merci Chère Lorraine...tu sais Baudelaire...il en faut pour tous les gout...<br /> <br /> Pour mon précédant commentaire je te prie de m'excuser, je vois tellement mal, je lis les choses a moitié...je n'avais pas vu qu'il s'agissait de ton papa, je m'en veux..et je n'ai pas perdu le mien si jeune mais je sais quel drame çà a du être pour toi..<br /> <br /> Je t'embrasse très fort.<br /> <br /> Marielle.
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N
Bonjour chère Lorraine,<br /> <br /> <br /> <br /> C'est juste émouvant.<br /> <br /> Ton récit prouve également que les proches disparus, même quand on les a peu connus, restent vivants, en quelque sorte, tant qu'on les évoque. C'est très important de ne pas les tuer par des silences et des non-dits.<br /> <br /> Merci.<br /> <br /> <br /> <br /> Je t'embrasse.
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L
il semble que l'adolescente qui exprime ainsi son amour filial est réelle. les mots sont ceux de l'amour interrompu.<br /> <br /> tes billets ont toujours la vigueur de la vie dans toute sa complexité.
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