POUR ME SITUER...

 

  Le chat dort sur le divan ; de mon troisième étage  le panorama en pente alterne  de grands arbres et de grands buildings qui semblent avoir poussé  sans ordre et se tournent le dos.  J’habite ici depuis dix ans, je ne connais pas mes voisins d’en face ni ceux d’à côté. Dans l’ascenseur, je croise quelquefois un locataire de l’immeuble. On se salue mais on ignore notre nom.

    A Bruxelles, capitale de l’Europe ( !) , un nombre toujours croissant d’étrangers louent un appartement, un flat, une maison, très souvent meublés. Français, Espagnols, italiens, Anglais,  ils arrivent le temps d’une mission (deux ans, trois ans, parfois plus, parfois moins). Ici, plus d’un  ont posé leurs bagages, puis sont repartis vers d’autres destinations. Quelquefois, dans le hall, je reconnais l’accent américain et me demande à quel étage perche le nouveau venu !

    Trois appartements donnent sur le corridor et la porte juste à côté de la mienne s’est fermée sur une voisine âgée qui s’en allait vivre en home. Elle s’est rouverte sur un Italien qui baragouinait le français avec peine. Nous avons très vite fait connaissance  : nos éviers de cuisine se sont bouchés ensemble et nous avons été confrontés à ce problème pratique et désolant quinze jours à peine après son installation. Ce fait divers n’aurait vraiment aucune importance, s’il ne nous avait rapprochés dans un souci commun. Je l’ai dépanné (si on peut dire) en appelant et recevant en son absence le ...dépanneur.

    Quinze jours plus tard, il oubliait ses clefs à l’intérieur de l’appartement ; confus et reconnaissant, il a attendu chez moi qu’arrive deux heures plus tard un serrurier au tarif exorbitant, mon voisin n’avait pas d’argent liquide, j’ai donc payé pour lui ; puis aux vacances il retournait en Italie et mon frigo a abrité (un peu difficilement) ses provisions de bouche. Depuis, autant vous dire que nous nous connaissons au point qu’il m’a confié un trousseau de clefs, pour le cas où il oublierait le sien, une nouvelle fois. Aujourd’hui, je le comprends très bien, et j’admire ses progrès. Sa maman, venue quelques jours en Belgique, est venue me remercier.

    Vous me direz que tout cela est très mineur. Je vous l’accorde. Mais j’ouvre une fenêtre sur la vie dans les immeubles anonymes, qu’ignorent tous ceux qui ont la chance de vivre à la campagne, en province, au bord d’une prairie, dans un grand jardin, ou dans un pays où il y a toujours du soleil...

    A bientôt,

PASSANTE

Comments

[Obs]

"Derrière une vitre", c'est ce que tu écrivais à Lecouret, juste avant mon commentaire.
Bisous

[Passante]

Ce n'est pas "Derrière une vitre", mais "De ma fenêtre", nuance! De là-haut, je vois pas mal de choses...Ce qui ne m'empèchera pas, en effet, de parler de mon "quartier général"...D'accord, je constate aussi que ces commentaires sont petits. Je vais essayer de changer. Et je me demande pourquoi ils sont en rouge...Tout compte fait, ce n'est pas dérangeant.

[Obs]

Derrière une vitre : ça fait un peu prisonnière, non ? Or, tu accueille chez toi bien des amies et tu sors plus souvent qu'à ton tour ! Conte-nous par exemple le resto qui est en quelque sorte devenu ton quartier général. Son nom sonne comme une interjection, une fêlure, un... coassement

P.S. Un peu petite ta police de caractère des commentaires !

[Lorraine]

Merci, cher Lecouret, je m'engage dans cette voie des petites choses de la vie et tu m'encourages! Nous avons chacun notre petit univers; il nous semble normal mais peut-être d'autres, qui vivent autrement, ailleurs, aimeront-ils ces bribes qui viennent d'un autre lieu. Je vais en faire une rubrique intermittente, et l'appeler "De ma fenêtre". Un peu comme on perçoit le monde quand on lke regarde derrière une vitre!...

[Lecouret]

un peu de la vie de ton immeuble, avec les rencontres, les échanges, les silences, les méconnaissances... rien de ce qui te concerne n'est indifférent à ceux qui te fréquentent.